Depuis le début des années quatre-vingt-dix, Françoise Cloarec profite de ses nombreux voyages « touristiques » pour observer d’un œil poétique autant que sociologique et philosophique l’homotouristicus. À travers son cycle intitulé « Cohabitations », elle explore sur vingt ans et au fil de dizaines de toiles ce curieux mélange qu’il y a derrière le tourisme de masse international et le divertissement qu’il constitue. L’altérité (ou l’étrangeté) n’est plus constituée par la seule œuvre visitée (avec son apparent exotisme pour l’œil occidental), mais aussi par le tourisme lambda dont la vanité, l’inanité, voire l’inutilité éclatent au grand jour au milieu des décors luxuriants et des « vivants » personnages sculptés. Ces derniers, qu’ils soient Assyriens, Mayas, ou Indiens, deviennent à leur tour les observateurs curieux de ces touristes dont la récurrence au premier plan des toiles montre qu’ils sont bien le sujet principal de Françoise Cloarec, sujet à la fois comique et tragique.
Yvan Griffault, www.ahsaisonetfestiva.com